Il est 9h45 ce matin dans la vallée de la Grâce Dieu.

Quelques personnes sont déjà sur la place, à l’entrée de l’abbaye, devant la grande statue de la Sainte Vierge décorée de fleurs champêtres blanches, jaunes, violettes. C’est de cet emplacement, distant de 500 mètres environ de l’Eglise abbatiale que partira la procession.

Aujourd’hui, c’est jour de fête.

Je croise un couple qui ignore la procession. Je l’invite à me suivre vers la statue et j’explique qu’en l’honneur de la Sainte Vierge, nous entrerons dans l’abbaye en procession. « Mais c’est formidable, s’exclame la dame. Habituellement, le 15 août nous sommes à Lourdes. Comme je suis contente. Nous avons bien fait de venir ici! »

Une autre dame contemple pensivement la statue. Sur la tête de la Sainte Vierge, un foulard aux couleurs du Burkina Faso, délicatement plié, a été posé. Sur ses épaules un pagne tissé bleu et blanc.

Odile, TM de l’Immaculée explique que dans son pays, ce sont les femmes mariées, les mamans, qui portent le foulard et le pagne sur les épaules. « La Sainte Vierge est épouse et mère de Jésus et de tout le genre humain. Elle est notre maman, nous pouvons aller à elle avec nos péchés; elle nous pressera sur son cœur et nous portera sur son dos… »

Le père Max de Weissage a donné le signe de départ de la procession.

Derrière une statue toute blanche de la Sainte Vierge, la petite assemblée se met en marche, alternant les dizaines de chapelet et le chant des Ave Maria de Lourdes…

Dans l’église, le père de Weissage a prononcé l’enseignement suivant:

C’est sous l’emprise de l’Esprit-Saint qu’Elisabeth s’écrira: « Tu es bénie entre toutes les femmes« . Mais elle ajoutera: « et le fruit de ton sein est béni« . Dans sa bénédiction Elisabeth ne sépare pas la mère et l’enfant. Dans les icones orthodoxes et dans les statues du moyen-âge, Marie est toujours avec son enfant. Même dans l’assomption Marie va rejoindre son fils pour chanter éternellement son Magnificat.

Je voudrais me cacher derrière Elisabeth et reprendre à mon tour sa bénédiction:

Tu es bénie Marie silence de Galilée. Tu étais une petite fille de la campagne fiancée à Joseph. L’Evangile ne dit presque rien de toi; mais tu étais au début et à la fin de l’histoire la plus merveilleuse du monde.

Tu es bénie Marie tendresse de Bethléem qui a accueilli l’enfant; car tu as dit oui à l’ange et à Dieu. Le Dieu impensable se fait petit enfant grâce à toi.

Tu es bénie Marie chaleur de Nazareth. Marie, la femme d’avant le froid plus jeune que le péché. Tu as apporté toute la chaleur dont Jésus avait besoin pour grandir et s’épanouir, pour devenir l’homme le plus accompli.

Tu es bénie Marie maison de Dieu dont la porte se fend pour laisser passer le Dieu impensable.

Tu es bénie Marie vêtement de Dieu. De ta tendresse tu as protégé, entouré ton enfant jusqu’au jour où son vêtement à lui deviendra éclatant de blancheur et de lumière.

Tu es bénie Marie du vin de Cana. Tu as remarqué qu’il n’y avait plus de vin. Tu voulais la fête. Tu connaissais ton fils: Seul la mère connait bien son enfant.

Tu es bénie Marie la fidèle. Tu as laissé partir ton enfant car il se devait à sa mission. Tu n’as pas voulu le retenir; et tu gardais toutes ces choses dans ton cœur.

Tu es bénie Marie en pleurs. Tu pleurais, tu pleurais car après la fierté sont venues vite les larmes. Tu voyais à travers tes larmes que l’on acceptait pas ton fils; que déjà son message d’amour était rejeté. Tu prévoyais l’issue.

Tu es bénie Marie debout. C’est debout à coté de Jean que tu regardais ton fils en croix. C’est debout que tu le portais dans ton cœur.

Tu es bénie Marie la première disciple. A la mort de ton Fils tous ont vacillé dans leur foi; mais tu les as porté, réconforté, soutenu, comme tu as porté jadis ton enfant. Tu es devenue mère de la jeune église encore si fragile.

Tu es bénie Marie de l’assomption. Comme le dit Bossuet : « Tu es un feu qui n’a pas fait de cendres ». Car tu es toute consumée par le feu de l’amour. Tu es partie sans laisser de cendres car ta vie est devenue nuée divine où sont enlacés la terre et le ciel.

Marie chemin qui fait avancer Dieu, guide et soutiens l’espérance de ton peuple; montre à tous le chemin de la foi, de la croix, de la joie. »