A Cuet, petit village près de Bourg-en-Bresse, la fête de Saint Pierre Chanel, martyr en Océanie a rassemblé 300 fidèles, paroissiens de la Bresse ainsi que des Futuniens et Wallisiens résidant en France. Le recteur du lieu, Père Pierre-Yves Monnoyeur avait soigneusement préparé cette rencontre annuelle missionnaire. Et la foule était au rendez-vous avec cette messe concélébrée par deux évêques et une dizaine de prêtres.

Rappelons ici la vie du saint patron de l’Océanie.

Pierre Chanel est né à Cuet, près de Bourg-en Bresse le 7 avril 1803, et a été formé dans les séminaires de Meximieux et Brou. Ordonné prêtre le 15 Juillet 1827 par Mgr Devie évêque de Belley, il exerce son ministère à Cras et Crozet dans le pays de Gex. Puis, il rejoint la société de Marie et participe, avec les premiers maristes, en septembre 1833 au pèlerinage à Rome pour faire reconnaitre leur congrégation. Pierre Chanel rencontre ainsi Grégoire XVI, grand pape missionnaire.

Puis, c’est le début de l’aventure conduisant les premiers maristes en Océanie sous la conduite de l’évêque Pompallier. Partis de France la veille de Noël 1836, ils arriveront à Wallis et Futuna un an plus tard ! Le Père Pierre Chanel et frère Marie-Nizier s’installent à Futuna le 12 Novembre 1837 et vivent dans des conditions difficiles sur cette île de 1000 habitants. Commence alors la mission. Comme l’a écrit le Père Jean-Baptiste Epalle, originaire de Marlhes, à propos de Pierre Chanel, qu’il avait rencontré sur place en 1839 : « Je fus édifié par son aimable simplicité. Son sourire, sa modestie et sa douce gaieté, tout peignait à mes yeux la joie de son âme. Son habitation était située au milieu d’une vallée, à quelques pas de la mer. Tout le temps que nous passâmes en la compagnie de notre confrère, nous fûmes à une école de douceur et de bon conseil. »

Dès son arrivée, Pierre Chanel découvre l’ile et les villages, apprend la langue, et déjà baptise quelques enfants. Puis, il convertit Meitala, le fils du roi, Musumusu. Celui-ci donne l’ordre de frapper le missionnaire qui s’effondre sous la hache de Niuliki. C’était le 28 Avril 1841. Pierre Chanel était dans à Futuna depuis trois ans et demi.

Le choc. Mais très rapidement, les habitants se convertissent et sont baptisés, y compris Musumusu et Niuliki. Le sang du martyr a été semence de chrétiens.

C’est cette histoire que j’ai rappelé lors de la méditation à la messe. En effet, Mgr Pascal Roland, évêque de Belley-Ars m’avait demandé d’assurer l’homélie. Et ce fut une de vivre ainsi ce pèlerinage dans le souvenir du retour de ses cendres à Futuna en 1977. En effet, après la mort de Pierre Chanel, son corps fut amené d’abord en Nouvelle-Zélande puis en France. A la demande de Mgr Lolesio, ses restes furent ramenés dans son île. Lui, « l’homme au cœur parfait » a été ainsi l’apôtre de Futuna, mais aussi de toute l’Océanie.

Joie de cette belle journée à Cuet avec procession d’offertoire polynésienne et vénération du reliquaire dans la chapelle de Cuet.

Le lien entre Futuna et Cuet a été ainsi renforcé, comme il le fut en 1997. Pour les JMJ de Paris, 150 jeunes de Wallis et Futuna étaient accueillis à Cuet avant de monter vers la capitale. Souvenir inoubliable pour les accueillis et pour ceux qui les ont hébergés.

Puissions-nous être « disciples-missionnaires » à l’image de Saint Pierre Chanel ! Nous avons chanté avec ferveur « Envoie tes messagers, Seigneur, dans le monde entier », chant composé par le Père Claude Rozier, mariste à l’occasion de la canonisation de Pierre Chanel en 1954 !

+ Jean-Yves Riocreux, évêque émérite de Guadeloupe