LE FONDATEUR

L’Eglise a toujours eu en son sein, des apôtres de l’Evangile, des témoins de la foi qui ont vécu l’union à Dieu dans la Foi, l’Espérance et l’Amour. Elle en a aujourd’hui encore, pour aller à la rencontre de nos contemporains, de ceux qui cherchent Dieu et de ceux qui en sont loin par le cœur.

C’est là un des traits du père Marcel Roussel-Galle, qui, dans la mouvance de France, pays de mission, du père Henri Godin, du Père Georges Guérin, fondateur de la JOC, s’est engagé pour aller vers ceux qui sont les plus méprisés, les prostitués, les petits, les exclus, les pauvres, les travailleurs les plus éloignés de l’Eglise.

Qui est le père Marcel Roussel-Galle ?

Il naît le 8 juin 1910 à un moment où l’Église est encore traumatisée par la séparation de l’Église et de l’État en 1905. Il est l’unique garçon parmi trois filles d’un couple très croyant : son père, Etienne et sa mère Louise sont de grands travailleurs. Celle-ci parle à son fils des âmes qu’il faut sauver et des malheureux dont il faut avoir pitié.

Du Séminaire à l’Ordination sacerdotale

Marcel entre au petit Séminaire Notre-Dame de Consolation à l’âge de 11 ans. Sa vocation missionnaire est éveillée par le père Marcel Mauvais qui avait établi des relations avec des Séminaires en Afrique. Son désir d’être prêtre croît de plus en plus fort ! Cette montée vers le sacerdoce est marquée par des épreuves mais aussi des rencontres déterminantes : Le 15 août 1926, sa mère Louise est emportée par une pneumonie.

En 1927, il découvre la petite voie de confiance et d’amour de sainte Thérèse de Lisieux.

Grâce aux professeurs de son Séminaire, membres de la Société des prêtres de saint François de Sales, il découvre la doctrine du grand Docteur de l’Eglise et s’ouvre à son influence.

En 1930, il participe au Congrès eucharistique de Carthage en Afrique du Nord. C’est aussi l’année de la découverte du chemin de sainteté de Jeanne d’Arc.

En avril 1933, il part pendant une année effectuer son service militaire. Un mois après son retour, son directeur spirituel décède. Il note ses réflexions sur ce bon prêtre qui lui a montré non seulement comment il faut vivre mais aussi comment il faut mourir.

Une plus grande épreuve cependant l’attend ! Le 2 juin 1934, son père Etienne meurt emporté par une typhoïde. Le jeune Marcel se souvient : « Je revins du séminaire pour être à ses côtés et je l’assistais pendant sa terrible agonie qui dura 36 heures… A l’oreille, je lui parlais du Bon Dieu et du ciel, et de maman. Et je lui répétais : « La première Messe, tu la verras du haut du ciel… »

Ainsi, le 22 décembre 1934, Marcel est ordonné prêtre par le Cardinal Binet dans la chapelle du Grand Séminaire de Besançon. Ses trois sœurs, en deuil, l’entourent, avec Odette sa cousine religieuse. Il célèbre sa première messe aux Fins, le 30 décembre. Sa première homélie le jour de l’Epiphanie 1935 exprime son élan missionnaire et surtout, ce jour-là, il confie à la protection de la Sainte Vierge son apostolat naissant.

L’appel à la Mission

Jeune prêtre, il a dans la tête cette réflexion du Pape Pie XI lors de ses audiences de 1929 : « L’Eglise a perdu la classe ouvrière. » Il faut former des travailleurs capables d’être le levain, qui puissent pénétrer dans toute la pâte ouvrière.

Il communie profondément aux soucis de l’Eglise de son temps et s’intéresse à toutes les expériences qui se font en France : La mission de France, de Paris, de Marseille… En 1943, paraît le livre « France Pays de Mission », du père Henri Godin et du père Yvan Daniel dans lequel ils rendent compte de la dure réalité du monde ouvrier. La description de cette misère spirituelle bouleverse le père Marcel Roussel-Galle.

La ˝masse˝ paganisée, non évangélisée, l’attire. Il voudrait agir sur elle, l’évangéliser mais par l’intermédiaire de jeunes filles toutes données à Dieu, des victimes d’Amour qui prolongeraient la vocation de Sainte Thérèse de Lisieux en plein monde.

Ces appels intérieurs sont-ils une intuition divine ? Le père Marcel, passe des nuits en prière dans son église de Byans. Il se confie à son évêque, Mgr Maurice-Louis Dubourg qui, pour toute réponse, lui demande d’attendre et de construire une salle d’œuvres à Byans-sur-Doubs.

Un vrai challenge en ce temps de guerre ! La région est occupée par les Allemands qui limitent les déplacements et interdisent toute construction. Mais c’est sans compter sur la foi audacieuse du jeune prêtre Marcel qui croit fermement que si la Sainte Vierge lui donne la possibilité de mener à bien cette construction, c’est qu’elle lui donnera ensuite la grâce de réunir et former les TM de l’Immaculée. En dépit des interdits, l’œuvre est terminée.  Mais ce n’est pas facile de découvrir la volonté de Dieu ; il prie longuement le soir dans son église pour demander des signes sur ce chemin de fondation.

Lors d’une récollection à Pontarlier, une jeune fille lui demande de la diriger. Pour le père Roussel-Galle, c’est le signe. En octobre 1945, naît à Besançon, la toute première communauté de TM de l’Immaculée, dans l’esprit de saint François de Sales et de sainte Thérèse de Lisieux, c’est-à-dire dans l’humilité, la simplicité et la confiance.

Paris

Lorsque le père Marcel arrive à Paris en février 1947, Le Cardinal Emmanuel Suhard le nomme tout d’abord vicaire de Saint-Denis-de-L’Estrée, aumônier fédéral de la JOCF de Saint-Denis, Saint Ouen, Aubervilliers et chargé de la pastorale des travailleurs de la banlieue Nord.

Tous deux sont animés du même souffle missionnaire et le père Marcel trouve toujours lumière et force, dans ses rencontres avec le Cardinal, pour continuer à concrétiser les intuitions que l’Esprit met en lui. Un beau jour, le libère de tout service paroissial et lui demande de former la communauté des TM de l’Immaculée : « Oui, il faut des apôtres, je vous fais confiance. Je ne vous trace pas de programme. Ecoutez l’Esprit. »

Comme pour tout initiateur, les grands moments de solitude ne manquent pas, et c’est dans la prière d’adoration qu’il puise consolation et force.Dans son petit appartement parisien, le père Marcel reçoit des jocistes, des ouvriers et ouvrières, des prostituées qu’il dirige vers un changement de vie.

Il dépeint ces milieux délaissés et tellement pauvres de tout dans « Le Sillon Missionnaire », la revue mensuelle qu’il a fondée en 1948. Il regroupe celles qui sont appelées à vivre cette mission nouvelle et leur donne un nom : TM de l’Immaculée. Saint François de Sales et sainte Thérèse de Lisieux sont leurs maîtres spirituels.

Leur mission est simple et grande : dans tous les milieux, reproduire l’Evangile de l’Eau Vive (cf. Jn 4, 1-42), « Donne-moi à boire. Si tu savais le don de Dieu ». A cette même époque, il organise un groupe de prière, appelé Donum Dei, destiné à soutenir par la prière et le sacrifice, la persévérance de ces jeunes missionnaires et les personnes qu’elles rencontrent.

Vers la mission universelle

De 1950 à 1960, la fondation se développe en France et en Belgique.

En 1957, le père Roussel-Galle envisage de commencer une branche masculine. En même temps, il élabore un règlement de vie pour des foyers missionnaires dans leur milieu de vie et de travail.

Lorsque le 21 avril 1957, le Pape Pie XII lance un appel aux évêques pour l’envoi en mission de prêtres en pays de mission à travers l’Encyclique Fidei Donum, le père Marcel y voit un autre signe. Dans cet élan, il lance sa petite famille spirituelle :  des fondations sont faites en Afrique, en Asie, en Amérique et en Océanie.

En 1960, la création des Eau Vive marque une étape nouvelle dans la fondation : l’Eau Vive, ce lieu d’accueil, de rencontre, d’écoute, devient désormais le terrain de mission privilégié des TM de l’Immaculée.

En 1969, le père Roussel-Galle installe la direction de la Famille Missionnaire à Rome.

Toujours attentif aux inspirations de l’Esprit, le père Marcel comprend lors de la publication de l’Encyclique Familiaris Consortio en 1981 que l’apostolat des TM de l’Immaculée doit aussi s’étendre à la formation des mamans pour qu’elles deviennent de bonnes mamans et épouses chrétiennes, missionnaires dans leurs foyers et auprès des autres familles. C’est la naissance de la branche des associés.

Dans ce développement de la Famille missionnaire, le père Marcel ne se ménage pas. Il n’hésite pas à modifier, rectifier, reprendre car aux situations nouvelles, il faut adapter les modes de communiquer l’Evangile. Il soutient les responsables, les sensibilisant sans cesse aux misères du monde.

Toute sa vie, il s’est donné à la mission que lui a confiée le Cardinal Suhard puis, après lui, le Cardinal Feltin.

Il meurt le 22 février 1984 dans son appartement à Rome, après avoir confié sa fondation à Notre-Dame du Mont Carmel.

 

A l’occasion du premier  anniversaire de sa mort, le Cardinal Ugo Poletti, vicaire du Pape pour le Diocèse de Rome disait : « Marcel Roussel-Galle fut un prêtre tout à Dieu, toujours à Dieu, même dans les moments difficiles de sa vie. Il fut un prêtre enthousiaste sans compromis, prêt à donner sa vie elle-même pour son Seigneur. Il a obéi à l’Esprit Saint n’importe où celui-ci le conduisait… »