« Du froid, de la neige, une messe dans une forêt, n’est-ce pas tout ce qu’il faut pour disposer nos âmes au mystère de Noël. Nous sommes en effet dans le temps de l’Avent. Journées d’attente, journées de préparation.

Le Messie combien il a été attendu autrefois. Pendant des milliers d’années, les Hébreux l’ont attendu, l’ont désiré. C’est Abraham, c’est Moïse. Ce sont tous les patriarches et les prophètes qui, avec le peuple Juif répétaient la prière de l’attente. ˝Venez divin Messie˝. Et dans les moments de persécutions, de défaite, de captivité, cette prière devenait plus ardente. Captifs en Egypte, captifs à Babylone, ils pensaient à leur terre, à leur pays dont ils étaient séparés, et ils tournaient leur regard vers Jérusalem d’où devait venir le Salut, où devait paraître le Messie.

Assis au bord du fleuve de Babylone, nous sommes assis et nous pleurons en pensant à notre Patrie. Ceux qui nous ont emmenés captifs nous demandaient de chanter. Comment pourrions-nous chanter sur cette terre étrangère ? Et au milieu des sanglots, le refrain revenait sans cesse : ˝Venez divin Messie˝.

Les siècles ont passé et nous nous retrouvons aux prises avec les mêmes souffrances. Les persécutions, la guerre, l’exil. Nous souffrons. Il y a dans notre esprit un besoin de lumière et de charité, dans notre cœur un besoin d’affection et de charité, dans notre âme tout entière, un immense besoin de paix et de bonheur.

Et autour de nous, dans le monde, nous ne pouvons trouver cette paix, on ne parle que de guerre, on ne peut trouver cet amour. C’est le règne de l’égoïsme et le triomphe du plus fort. On ne peut trouver cette lumière et cette charité car le monde est rempli d’erreur et de doctrine païenne.

Nous avons besoin de Dieu, de Dieu qui est toute Vérité et tout Amour. Et c’est pourquoi, en ce temps de l’Avent, nous pouvons répéter, nous aussi : ˝Venez divin Messie. Venez Seigneur Jésus˝.

Dieu vient ! Il vient à tout instant !

Il ne peut venir en nous que si nous voulons bien le recevoir. De même que le rayon de soleil ne s’en va éclairer et réjouir de l’intérieur de la demeure que si on lui a pratiqué une ouverture, un passage, la vérité et la lumière chrétienne ne pénètrent que si l’esprit s’ouvre et attend humblement. Et de même qu’on ne gagne pas le cœur d’un ami par de la violence, des menaces mais par des prévenances et de la bonté. Ainsi l’amour divin ne force pas l’entrée de notre cœur mais simplement se présente dans toute sa bonté. C’est au cœur humain à s’entrouvrir et à désirer cet amour infini. Et si nous voulons qu’au jour de Noël, le Messie vienne en nous, préparons-nous.

L’Avent, c’est le moment de l’attente, le moment de la préparation. Quand le soldat va rentrer dans un foyer, avec quelle impatience, avec quel amour l’épouse l’attend. Elle prépare la maison, elle emploie tout son talent, toute sa délicatesse de femme pour mettre de l’ordre, pour faire de la beauté. Il faudra qu’en entrant sur le seuil, il soit heureux, il soit content. Heure de désir, d’attente et de préparation qui ne rendront que plus affectueux et plus sincère le baiser de ces deux êtres qui s’attendent pour s’aimer.

Il y a deux mille ans, la Vierge toute pure, la Vierge Immaculée, elle aussi préparait sa maison. Elle arrangeait la couchette, ce n’était qu’un peu de paille, mais cette paille, elle la disposait le mieux possible, avec tout son amour, toute sa tendresse. Elle aussi, elle attendait quelqu’un. Elle attendait Jésus et le moment où elle pourrait déposer sur son front son baiser maternel. C’était l’Avent, le premier Avent (…) ».

Père Marcel Roussel-Galle