« Eve, c’était l’épine

et Marie fut la Rose.

Sur la tige du genre humain,

Longue branche épineuse.

Après des siècles de péchés,

Un jour la Rose fleurit.

Elle était blanche et immaculée,

Elle était rouge et pleine de charité,

C’était la Rose mystique.

De toute éternité, Dieu la trouva belle

Quand Il fit la création,

Quand Il voulut la rédemption,

Dans sa pensée divine, c’est elle qu’Il contemplait.

Après la Bible, le poète nous l’a rappelé :

Quand il faisait une croix sur l’abîme. Le Tout-Puissant avait placé devant Lui votre figure, comme je l’ai devant moi, vierge pure.

Mais voici que le Créateur a voulu d’autres roses, des milliers de roses, entourant la Première.

Le genre humain, ce bois de ronces et d’épines dont miraculeusement elle est issue, la Rose mystique,

De Dieu a reçu mission de le faire fleurir tout entier comme le rosier au mois de mai.

Qu’elle prenne son chapelet la main potelée de l’enfant, la main frêle de la jeune fille.

Qu’elle le prenne aussi la main durcie, la main ensanglantée du travailleur.

Que les lèvres priantes articulant les Ave, les Ave que l’on récite par dizaine,

Que l’âme se recueille, qu’elle ait foi et confiance,

L’Immaculée saura faire elle une rose pour le ciel.

Qu’on l’invoque, et la Rose mystique sous l’écorce du bois fera couler la sève, la vie qui est sortie d’elle.

Et le vieux tronc rugueux, divinement greffé, se couvrira de fleurs, et la Rose mystique apparaîtra plus belle dans une immense Roseraie.

C’est la leçon de Lourdes,

Lourdes, c’est l’églantier qui fleurit,

Lourdes, c’est l’Immaculée, à la main un chapelet, sur les pieds une rose.

Lourdes, c’est Bernadette Soubirous, devenant Sainte Bernadette,

Lourdes, c’est la Rose mystique, rouge du sang du Christ, offrant sa sève, offrant sa vie à des millions de roses. »

                                                      P. Marcel Roussel-Galle DLSM n. 97-98, 15 octobre 1959