» Mon âme exalte le Seigneurexulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. » Luc 1,39

 Je m’appelle Elisabeth Soalla, je suis en mission à Lujan en Argentine. J’ai 76 ans et je suis Burkinabé du village de Guilongou.

Ma vocation est née au sein de ma paroisse Saint Paul, une jeune église qui avait à peine 25 ans de fondation. Ses pasteurs et paroissiens étaient tous animés par la passion de l’Evangile, d’aimer le Christ et de Le faire aimer…

Comme membre du mouvement « Cœurs vaillants et Ames vaillantes, j’allais dans les villages voisins porter la Parole du Christ surtout aux plus jeunes. C’est dans cet environnement de vie, qu’à l’âge de 13 ans, j’ai ressenti l’appel du Christ qui est devenu de plus en plus fort. J’ai parlé de la vocation à mes parents qui m’ont alors donné leur bénédiction. Puis avec d’autres jeunes filles, nous sommes allées voir notre curé qui a promis de nous emmener voir les Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée. Un jour, il nous a réunies pour nous dire : « Je n’ai pas le temps de vous emmener voir les sœurs. Vous pouvez partir seules avec ma permission ». Nous étions au total six adolescentes et toutes avions le même objectif, nous rendre chez les TM de l’Immaculée. Le curé nous a demandé si nous connaissions l’endroit et avions répondu négativement. Malgré cela, nous étions très heureuses d’avoir obtenu son accord et avions commencé à nous organiser. La veille de notre longue marche, nous avions décidé de dormir chez l’une d’entre nous, car sa maman qui devait se lever à l’aube pour préparer le « dolo » à vendre, pouvait nous réveiller. Ce matin-là, nous nous levées avec enthousiasme pour prendre immédiatement la route, chacune avec son petit bagage. Il ne nous est jamais venu à l’esprit qu’il pourrait y avoir des animaux sauvages dans la grande brousse…

Nous avons marché et marché environ 40 kilomètres, lorsqu’un camion s’est arrêté en nous voyant. « Mais ce sont des filles de notre village… que faites-vous ici ? » Il s’agissait des parents des deux prêtres du village. « Où allez-vous comme cela ? » Nous répondions timidement : « Chez les TM de l’Immaculée mais nous ne savons pas où elles habitent ! » Les deux hommes, complètement abasourdis, nous ont emmenées à la paroisse du Sacré-Cœur de Dapoya et ont expliqué au Curé que nous voulions aller à l’Eau Vive. Immédiatement, le curé téléphona aux TM de l’Immaculée. Quelques temps plus tard, Cécile de l’Eau Vive est venue à notre rencontre et nous a accompagnées jusqu’à Ouagadougou. 

À notre arrivée à l’Eau Vive, il y avait beaucoup de joie et d’émotion. Le père Marcel Roussel-Galle était présent ; il venait d’arriver de France pour visiter la mission de Ouagadougou. Et pour lui, le fait que nous ayons marché des kilomètres et des kilomètres sans rencontrer de dangers relevait… du miracle. Notre rencontre avec le père Marcel Roussel est inoubliable. Il a cru à notre vocation que Dieu peut se choisir des petites pauvres, insignifiantes, pour réaliser son œuvre, parce que l’œuvre c’est Lui, l’action c’est Lui. Il aimait dire que nous étions « le bataillon de Guilongou ».

Nous étions parties de chez nous en pensant faire immédiatement notre rentrée chez les TM de l’Immaculée. La déception a été très grande quand on nous a raccompagnées le soir au village. Mais, les jours suivants, à notre grande surprise avec une joie immense, le père Marcel Roussel est venu visiter chacune de nos familles et a demandé à nos parents s’ils acceptaient que leurs filles consacrent leur vie au Seigneur. Nos parents ont fait eux aussi un acte de foi incroyable en répondant par un OUI plein de confiance et d’abandon.  Un mois après cette rencontre, j’ai rejoint la mission des TM de l’Immaculée à Ouagadougou. C’était en décembre 1962, j’avais 15 ans.  Quelques années plus tard, j’ai été invitée à faire ma formation à Dieppe, puis à Banneux en Belgique. En 1967, j’ai été nommée en mission au Burkina Faso et en novembre 1968 je m’envolais pour le Vietnam à Dalat où je suis restée 2 ans.

Le 30 juin 1973, j’ai fait mon engagement définitif et mon offrande à l’Amour Miséricordieux de Dieu à Lourdes. A ce moment-là, j’ai reçu ma nomination pour Luján en Argentine où je suis restée 5 ans. J’y suis revenue en aout 2005 jusqu’à ce jour. Entre deux, j’ai eu la chance d’aller en mission dans l’Eau Vive de Rome, de Ouagadougou et de Lima.

61 ans ont passé depuis cette première rencontre avec les TM de l’Immaculée et je n’arrive toujours pas à réaliser que cela fait 50 ans que j’ai fait mon engagement définitif. Par contre, ce dont je suis pleinement convaincue c’est que c’est le Christ qui m’a choisie et qui me conduit jour après jour. Consciente de ma misère et de ma pauvreté je marche avec confiance dans cette « Petite Voie » de sainteté qu’enseignent Jésus et la Petite Thérèse.  

Aujourd’hui, tout mon être jubile d’allégresse et de reconnaissance à l’exemple de la Sainte Vierge :    « Mon âme exalte le Seigneurexulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ». Luc 1, 39

Je me recommande à vos prières.

Elisabeth S., TM de l’Immaculée en Mission en Argentine

Témoignages

recueillis à l’occasion du Jubilé d’Or d’Elisabeth

« Chère Elisabeth,

Avec tout notre amour,

nous t’accompagnons en ce jour spécial.

Nous te présentons tous nos souhaits et bénédictions. Merci infiniment pour votre affection pour notre famille.

Nous t’aimons beaucoup

(Charli, Euge et Fermín) ».

Un jeune foyer de Suipacha avec leur fils de 2 ans.

« Chère Elisabeth,

je m’unis à la fête de ton jubilé d’or de tes 50 ans de vie consacrée. Toute une vie.

Je demande à la Vierge de Lujan de renouveler ton premier Amour qui t’a amené à tout quitter pour être l’épouse de Jésus, pour te consacrer à Lui dans la communauté des TM de l’Immaculée, dans ton Institut.

Puisse ce premier Amour rester vivant et être fêté, animé, célébré et renouvelé, avec toujours plus d’ardeur par toute la communauté ». (+Monseigneur Gabriel Barba du diocèse de Saint Louis.)

« Chère Elisabeth, depuis que tu m’as invité à célébrer tes 50 ans de vie consacrée avec tes sœurs et la communauté de Lujan, je n’ai cessé de penser à cette parabole de Jésus des « Dix vierges invitées aux noces de l’époux » (Mt 25, 1-13), car je crois qu’en toi s’accomplit cet éloge que le Seigneur fait d’une âme prudente et sage, qui a su garder sa lampe allumée et qui a aussi fait sa réserve d’huile.

Qu’est-ce que la vie consacrée sinon la persévérance de toute une vie à suivre Jésus comme Il le veut ?

Tu te souviens sûrement en ce moment de toutes ces nombreuses personnes que tu as croisées au fil des années et aussi dans de nombreuses situations. De plus, tu t’es donnée totalement à la Mission et tu l’as fait loin de ta terre natale et de ta famille, t’adaptant généreusement à d’autres pays, à d’autres peuples, à d’autres cultures.

Quelle générosité de ta part ! MERCI !

C’est pourquoi je pense que la célébration du 50ème anniversaire de ta consécration au Seigneur est un motif pour chanter avec la Sainte Vierge que « Le Seigneur a regardé ma petitesse et a fait des merveilles pour moi ».

Et nous, nous nous unissons de tout cœur à ton chant de louange et d’action de grâces. Personnellement, je remercie le Bon Dieu pour ton dévouement au service du Christ et de la Mission. Merci pour ta persévérance humble, simple et joyeuse. Je demande au Seigneur que tu sois toujours amoureuse de Lui comme il y a 50 ans et que tu « veilles » toujours avec ta lampe allumée, pleine de foi, d’espérance et d’amour.

Que la Petite Vierge de Luján te donne le don de persévérer dans l’amour de son pauvre peuple, un amour semblable à celui qu’Elle porte dans son cœur.

Chère Elisabeth, avec toute mon affection, je te donne la bénédiction de Dieu.

Je suis sincèrement désolé de ne pouvoir célébrer avec toi, tes sœurs et toute la communauté chrétienne qui t’aime.

+ Jorge Eduardo Scheinig

Archevêque Métropolitain de Mercedes-Luján