Le 11 avril 1963, l’une des encycliques les plus importantes du XXème siècle paraissait. Il s’agit de PACEM IN TERRIS considérée comme le testament spirituel du Pape Jean XXIII, « un manifeste du monde nouveau » selon Giorgio la Pira, la «Magna Carta de l’humanisme chrétien » d’après la définition d’Ernesto Balducci.

C’est une encyclique très chère au pape François, déjà présente dans son premier message Urbi et Orbi , rappelée souvent depuis le début de la guerre en Ukraine, mais pas seulement, si proche dans l’esprit et dans tant de passages de Fratelli tutti, et récemment dans son discours prononcé à l’occasion de l’audience générale, ce mercredi de l’octave de Pâques :

« Hier marquait le soixantième anniversaire de l’encyclique Pacem in Terris que saint Jean XXIII a adressée à l’Église et au monde au milieu des tensions entre deux blocs opposés dans ce qu’on appelle la guerre froide. Le pape a ouvert à tous le vaste horizon dans lequel il est possible de parler de paix et de construire la paix. Dans le plan de Dieu pour le monde et la famille humaine, cette encyclique a été une véritable bénédiction, comme une lueur de sérénité au milieu des nuages sombres. Son message est très actuel ».

Comment est née Pacem in Terris ?

On était à l’apogée de ce que l’on appelait la « guerre froide ». Le monde était au bord d’un conflit nucléaire lorsque Jean XXIII en octobre 1962 a lancé un appel dramatique et sincère à la paix, à tous les responsables politiques mais encore « à tous les hommes de bonne volonté ». Une paix qui repose sur la vérité, la justice, la solidarité et la liberté, pierres de fondation d’un monde plus juste et plus fraternel. Une paix dont le centre est la personne humaine, une paix qui reconnaît, promeut, respecte et protège la dignité de tout être humain. Une paix qui, au-delà des solutions politiques, économiques et sociales, s’obtient pour nous chrétiens avant tout par la lutte à nos égoïsmes, notre individualisme, nos intérêts de groupe. Une paix qui « commence d’abord au plus concret et au plus intime du cœur », car c’est dans notre cœur que naissent les conflits et les guerres, chaque fois que nous laissons la violence remplacer la justice et le pardon.

La paix a toujours été une sollicitude pour Jean XXIII : Jeune prêtre à Bergame, il écrivait à l’occasion d’une grève : « La paix d’abord et toujours. Mais la paix, c’est la tranquillité de l’ordre, et l’ordre, c’est le respect de la justice et des droits de chacun ». Quelques années plus tard, en 1939 : « Une paix, même défectueuse, vaut plus que n’importe quelle victoire ». L’année suivante : « La guerre est un énorme péril. Pour un chrétien qui croit en Jésus et en son Évangile, c’est une iniquité et une contradiction ». Ou encore : « L’œuvre de la violence a toujours consisté à abattre, jamais à construire ; à exaspérer les passions, jamais à les apaiser. Génératrice de haine et de désastre, au lieu de réunir fraternellement, elle jette hommes et partis dans la dure nécessité de reconstruire lentement, après de douloureuses épreuves, sur les ruines amoncelées par la discorde ».

En soixante ans, bien des murs et des barrières sont tombés, mais Pacem in Terris a encore beaucoup à dire à nos communautés et à notre monde. La voie du « désarmement » de nos paroles, de nos actes et de notre violence est longue.

Apparaissant à ses apôtres, Jésus ressuscité leur parle et sa première parole, son salut, c’est le salut, le message qu’il apportait déjà au monde 33 ans plus tôt : au-dessus de l’étable de Bethléem, les anges chantaient : « Paix sur la terre » et, en ce jour de résurrection, Jésus nous dit encore : « La paix soit avec vous !