Un pauvre ouvrier faisant modestement son métier et qui se voit devenir le patron de l’Église tout entière.

Un humble qui s’est caché, qui a voulu vivre caché mais que Dieu a élevé.

Un simple charpentier qui aurait voulu rester ignoré et dont la gloire actuellement s’en va sans cesse grandissante.

Dieu avait décrété de donner au monde son Fils.

Dieu avait décidé que ce Fils naitrait d’une femme.

Dieu avait décidé qu’en enfant chétif, une mère délicate… tels seraient les débuts, les humbles débuts de son Église immortelle.

Un enfant, une mère.

À cette mère virginale, à cet enfant sans défense, il fallait un protecteur. Dieu choisit Joseph et, en le choisissant, il le prépara à une telle mission.

Parce qu’il devait être l’époux virginal de Marie, il mit dans son cœur l’amour le plus pur et plus désintéressé ; parce qu’il devait être le père nourricier de Jésus, l’affection paternelle la plus vraie, la plus sincère. Et c’est pourquoi Joseph a pu avec tant de diligence s’acquitter de son rôle.

Vous savez avec quel soin il a veillé sur cet enfant Dieu qui lui était confié, comment il l’a nourrir et élevé au prix de ses souffrances, comment il l’a défendu contre les persécutions. Il était pour Jésus le représentant de Dieu, l’ombre du Père éternel, veillant sur le Verbe fait Homme.

Pour Marie, il était le protecteur, l’ami, le confident, s’entretenant avec elle des secrets divins, du grand mystère qui s’accomplissait sous leurs yeux. Il était le lys virginal couvrant de son ombre croissant auprès de la Rome mystique.

Un Enfant-Dieu, une vierge immaculée !

Voilà le dépôt confié à saint Joseph, mais ce dépôt c’est le Verbe fait Homme, c’est-à-dire l’incarnation. C’est le fils et la Mère qui se tiendront un jour au sommet du Calvaire, c’est-à-dire la Rédemption de demain. Ce dépôt, c’est l’Église naissante, cette Église qui devra durer toujours et contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront point.

Et c’est à ce titre, parce qu’il a été le gardien de Marie, le gardien de Jésus que Léon XIII l’a déclaré patron de l’Église universelle, c’est-à-dire le gardien de cette Église qui s’étend actuellement à toutes les nations, parce qu’il a été le gardien de l’Église cachée dans la grotte de Bethléem.

Et dès lors, comme Joseph veillait sur cet Enfant-Dieu, c’est-à-dire avec le même soin jaloux, il veille sur l’Église qui lutte sur tous les fronts, attaquée, combattue dans presque toutes les nations.

Cette Église sur laquelle s’acharnent les sans-Dieu, cette Église que voudraient réduire à l’impuissance les chrétiens laïcisés et les néo-païens.

Cette Église, contre laquelle se révoltent ces pauvres, cette foule que l’on a trompée et qui voit en elle, hélas, non plus une libératrice mais une ennemie responsable de leurs maux.

Cette Église dont la vie est un combat et qui milite sans cesse pour répandre à travers le monde son message de paix et de charité, de lumière et de vérité.

Cette Église dont nous sommes membres, voilà le dépôt confié à Saint Joseph.

O Joseph, vous qui avez connu les heures de lutte et de persécution, qui avez si bien protégé la vie du Christ, continuez à veiller sur votre dépôt.

Saint Joseph, priez pour nous.

M.Roussel-Galle, 3 mai 1936